Début
Fin

Au plus fort de l’orage…

Au plus fort de l’orage,

il y a toujours un oiseau pour nous rassurer.

C’est l’oiseau inconnu,

Il chante avant de s’envoler.

 

RENÉ CHAR

Fin

Aristide est de retour…

Un revenant, Jean Valjean au début des Misérables. Il cheminait, un sac de marin sur le dos et je n’ai pas eu le moindre doute : c’était mon Aristide. Il lui avait fallu des années avant de se repointer à la cabane, une éternité sans nouvelles, et à cet instant j’étais incapable de présumer si ce retour serait un mal ou un bien.

En l’espace de six tomes d’une Saga hors normes, Mô a vécu une vie entière de magouilles et de mystères, de road-movies en odyssées mystiques, de plongées en eaux troubles en luttes acharnées contre le crime organisé. Il est resté libre de bout en bout, libre dans sa tête. Mais il est une histoire que la Saga n’a pas encore racontée. Elle se situe entre le troisième et le quatrième tome : Aristide est de retour. Seul ? Non, le fantôme de Malika le travaille. Qu’est-elle devenue, Malika, et pourquoi Mô, d’ordinaire si bavard, garde le silence à son sujet ? Est-il encore envisageable de reformer le trio né dans le deuxième tome ? Une nouvelle aventure pour continuer le cycle avec panache.

Fin
Fin

[EXTRAIT] Pour tous ceux à qui Aristide a manqué…

La même silhouette, un géant de deux mètres et quelques, enveloppé dans un caban à ses mesures. Au fur et à mesure de son avancée, des détails m’apparaissaient : il avait mûri, s’était affiné de corps et de visage, des cheveux courts en brosse et une barbe de trois jours, il ne se rasait plus la tête et était chaussé de bottes brunes massives, mon éléphant.

Il s’est planté devant la vitre et m’a souri, le même sourire, large comme une tranche de pastèque et les mêmes yeux de porcelaine bleue.

J’ai réalisé combien il m’avait manqué et je suis sorti pieds nus. On s’est embrassé sur le pas de la porte, muets et graves, émus dans ce temps suspendu. Dans ses bras, j’étais toujours perdu, fluet, désarmé…

Il a baissé la tête pour passer le seuil, il est entré et a posé son sac, s’est assis en tailleur à même le sol près du foyer, a tendu ses mains aux flammes.

Ses yeux furetaient aux quatre coins de l’unique pièce, renouant avec la permanence tout en quêtant les changements.

« Mon chat, Lapin ?

— Vingt ans que tu es parti, Aristide. À ton avis ?

— Alors, il est mort. Quoi ?

— De vieillesse.

— Bon. »

J’appréhendais une autre question. Il ne me la posa pas ce jour-là ; elle devait pourtant lui brûler les lèvres…

S’étant réchauffé, il a posé son caban plié à l’envers sur le dossier d’une chaise, sa chaise, la plus solide des trois, et s’est assis à table. Il portait un jean neuf, une chemise grise et le tout bien coupé à sa taille.

« La classe, Aristide !

— J’ai appris beaucoup et à m’habiller. J’ai trouvé à Barcelone dans le Gotico une boutique pour les gros et les balèzes… Et les bottes, tu les vois, c’est un grand pompier qui me les a vendues sur le rastro.

— Tout ça a dû te coûter un bras ?

— Le rastro, c’est les puces, là-bas. C’est comme ça que ça s’appelle, et du coup, c’est pas cher… Et on gagne bien à la pêche aux thons.

— Bigre ! La pêche aux thons ! Dis-m’en plus.

— Je te dirai la matanza une autre fois. C’est pas jojo, tu sais, et faut pas être trop regardant quand on a besoin de gagner sa croûte.

— J’ai appris ça.

— Toi, tu brilles pas, Mô. Tu es de plus en plus froissé.

— Et à l’intérieur comme à l’extérieur. Tu me trouves fripé ?

— On sent, tu t’ennuies.

— Pas faux. »

Il avait changé, mûri, mais il avait su garder intacts son empathie et l’instinct enfantin qui lui tenait lieu de jugeote. J’étais ravi.

« Alors, raconte !

— Quoi ?

— Ta vie en mer, tes voyages, tes pêches miraculeuses et lucratives…

— Recommence pas à m’embrouiller des mots.

— Mais non. Vas-y ! »

J’ai remis deux ceps secs dans le feu.

« Je suis tout ouïe.

— Tu vois ! Encore ! Merde !

— Calme-toi.

— Y’a rien à boire dans ton gourbi ?

— Tu picoles maintenant ?

— Des fois, mais pas trop trop. Et pas en mer, à l’escale…

— Et ici, ça serait une escale ?

— Sais pas encore.

— Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?

— Le vin blanc qu’on buvait, jamais bu un meilleur.

— Ah ! J’ai un fond de rhum. Les vaches sont maigres, mon grand.

— Et du café ?

— On peut en faire.

— Alors, fais-moi un petit bossu.

— Un quoi ?

— Un bossu, un café bien sucré, fort, avec du rhum justement.

— D’accord. Ça nous réchauffera. »

J’ai fait chauffer de l’eau, préparé la cafetière, le café moulu dans la chaussette. Il a sorti deux bols et le bocal de sucre du buffet bas.

« En attendant qu’il passe, raconte.

— Bon. Du début, alors ?

— Du début.

— Alors, si tu te rappelles, tu m’as abandonné au fin fond de la pleine mer qu’on savait pas où était la côte, sur cette épave pourrie dans la vase molle, entortillée des grands filets où on voyait rien…

— Ça, je sais, et crois-moi, je le regrette. Si c’était à refaire…

— Peut-être.

— Sûr.

— Bon. À la fin, quand je suis remonté sans air, y’avait plus personne.

— Je me suis trompé sur toi, c’est tragique, je te croyais coupable. Tout est parti de là et je m’en veux encore. Alors ?

— Alors, comme tu m’avais abandonné, j’ai nagé un moment mais y’avait du courant qui me tirait au large. Pas la peine d’insister comme tu disais. J’ai largué le bloc vide et la ceinture de plombs et j’ai dérivé, longtemps, des heures et des heures. En plein milieu de la nuit et de la mer, des lumières, j’ai crié et un chalutier m’a ramassé balloté par les vagues. Je sais pas comment y z’ont fait pour me voir, je bougeais plus et dans ma tête j’étais mort, et eux, ils se sont occupés à me réchauffer. Ils couraient partout. Ils m’ont donné des habits secs, une couverture, à boire et à manger.

— La solidarité des gens de mer…

— Comme tu dis, et des pêcheurs. Ils m’ont gardé et ils m’ont appris à pêcher au filet avec eux. Tu sais, le premier jour, ils m’ont dit un truc d’un Chinois, comme quoi, si tu donnes un poisson à un homme, tu le nourris juste pour un jour, et si tu veux nourrir un homme pour toute sa vie, tu lui apprends à pêcher…

— C’est le philosophe Lao Tseu qui aurait écrit ça, il y a plus ou moins deux mille ans.

— Comment tu dis qu’y s’appelle, le Chinois de deux mille ans ?

— Lao Tseu, et c’est avec moi que tu as commencé à pêcher.

— À plonger, et tu sais toujours tout sur tout, toi, avec tes bouquins.

— Quelques trucs, pas toujours utiles… Et après ?

— Après, je voulais partir plus loin, pour oublier et voir du pays, alors ils m’ont trouvé la place sur le thonier. Eux, ils ont dit que j’avais de la force, que j’étais un bon marin, sérieux et tout, et là je gagnais bien. J’ai pêché des années longtemps sur leur bateau et on en a tellement massacré des thons avec tous les thoniers de la Méditerranée qu’ils ont dit qu’il en restait plus assez, qu’ils allaient disparaître de la mer, et qu’avant qu’il y en ait plus, y fallait arrêter. Alors, on a arrêté et on a été débarqués. Je savais plus quoi faire, je pensais à toi, tu me manquais, et voilà…

— D’accord ! Tu ne m’as pas oublié, tu es en chômage technique et je suis heureux de te retrouver après tout ce temps.

— Voilà. Il faut qu’on attende la permission de repêcher et on sait pas quand. Je dois téléphoner au bateau dans six mois et ils me diront. Alors, en attendant…

— Je vois.

— Et de ton côté ?

— De mon côté, c’est la fin des palourdes. L’étang s’envase et s’appauvrit. Plus grand-chose à gratter.

— Ah ! Et toi ?

— Pareil : raclé, vaseux, asphyxié.

— Et les amphores qu’on faisait ? Tu vois que je me rappelle…

— Oublie.

— Y’en a plus ?

— Si, elles sont toujours au fond de la rivière mais les temps ont changé, Aristide. Le coin est surveillé en permanence. Ça craint, et tout ce qu’on peut y gagner maintenant c’est de la prison ferme.

— Merde ! Qu’est-ce on peut faire, alors ?

— J’avais bien une idée, une seule, un projet qui me trotte, mais pas d’argent pour la réaliser. J’ai pensé à emprunter mais je n’ai aucune garantie. On ne prête qu’aux riches et si je demande aux banques, elles me mettront un coup de pied au cul.

— Hé, hé ! J’en ai, moi, de l’argent, et à la banque.

— Pas possible !

— Si. Sur un livret, ils l’ont mis. Tout ce temps, y’en a pas mal… Alors parle-moi, parle de ton idée.

— Soit. Ils ont voulu creuser un port de plaisance, et les technocrates, experts, ingénieurs et tutti quanti n’ont écouté personne et orienté l’entrée à l’envers du courant dominant et ils l’ont prolongé d’un canal pour le relier à l’étang de Thau mais le canal n’est pas assez large, ni assez profond, et, du coup, la passe du port s’ensable et le canal s’envase tous les hivers.

— Oui ? Alors ?

— Alors, j’avais pensé acheter une drague pour dégager les accès.

— Une drague ?

— Un bateau spécial, en acier, un grand sabot avec une pelle mécanique sur le pont pour retirer les sédiments du fond et une benne qui s’ouvre par en dessous pour les larguer ailleurs où ils ne gêneront pas la navigation.

— Ah !

— C’est un boulot très bien payé, le curage des ports, et c’est dans nos cordes. En plus, on pourrait travailler aussi en finesse et dans les recoins avec une suceuse.

— Ho ! Ho !

— Ne rêve pas. Ma suceuse c’est un compresseur qui aspire le sable par un tuyau que tu diriges à la main sur le fond.

— Je crois, je vois.

— C’est un vieux bateau, mais il est encore en état.

— Comme moi. Et combien il coûte ?

— Ils en veulent cinquante mais on doit pouvoir le marchander à trente-cinq mille.

— J’ai plus que ça.

— Incroyable ! Tu es une vraie fourmi, Aristide. »

Il a ri comme un gosse, la tête rejetée en arrière.

« Et pourquoi la fourmi ?

— Tu ne connais pas la fable de La cigale et la fourmi ?

— La fable ? Moi, je les vois et je les entends les cigales, l’été, quand il fait bien chaud, et les fourmis…

— Une fable, une poésie, écrite il y a bien longtemps par Jean de La Fontaine qui met en scène une cigale et une fourmi. Il leur donne la parole et là, pour le coup, je serais la cigale et toi la fourmi.

— Bon, cigale, raconte ta fable des petits animaux qui parlent. »

J’ai raconté, mimé.

« C’est rigolo… Et tu racontes toujours extra… Comment il s’appelle notre bateau, la dragueuse-suceuse qu’on va acheter bientôt ?

— La Marie-salope.

— Allez !

— Mais si ! C’est une Marie-salope !

— Tu te moques ?

— Pas du tout. C’est le nom qu’on donne à ce type de bateaux. »

Fin

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Fin

Depuis le début de l’été, le début de la fin, de tous côtés il était dans le rouge. Arbrorigène sans arbres, dans un étang souillé et désert, il était sommé de se reconvertir au plus vite ou de se tirer. L’ultimatum, la mise en demeure de décamper au moment où il était fragilisé, K.O. debout, l’avait fait basculer hors des cordes, hors la loi.

Un songe d’épave antique, profonde, aux limites. Une incroyable aventure sous-marine, archéologie onirique et sauvage dans le Golfe du Lion sous les auspices d’Eros et de Thanatos, respectivement, la Skaoté, fine guerrière nordique à la beauté stupéfiante et son chien de l’enfer, Bad, le bien nommé.

Fin

La pollution ultime partit simultanément de la lagune de Venise et des étangs languedociens ; cette fois, la malaïgue avait pris le large. La chaleur aidant, elle s’exhala et pénétra partout, s’insinuant par le moindre interstice, envahissant les coins les plus profonds et les plus reculés, les caves, les souterrains, les catacombes, l’intérieur des murs, soupe gazeuse chaude, nourrice des morts à venir.

Fin

Sortie d’asile

Il faut fuir. Quel monde Mô trouvera-t-il à sa sortie d’asile ? Jusqu’où devra-t-il puiser pour déjouer les pièges de ces étendues post-apocalyptiques ?

À bout de ressources, la mort aux trousses, il se résout à abandonner son territoire et se lance dans une course éperdue qui le mènera jusqu’en Espagne, et à Gibraltar…

Fin

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Fin

hopital

Fin

Verdict

Schizophrène dangereux et asocial : le verdict est tombé.

On a rangé son dossier dans un classeur et on l’a rangé, enterré.

En survie, abruti de tranquillisants, embrumé de neuroleptiques, Mô végète dans sa cellule du H. P.

Sur la touche, de toute façon la course ne l’intéressait plus.

Mutique, le Mô. Il ne plonge plus qu’en lui-même, toujours plus profond.

Odeur de caoutchouc, néon, par le minuscule fenestron se découpe un carré parfait de ciel bleu et, face à la lumière, une toile d’araignée dans le coin du plafond. Un lien pour Mô le madur, un fil d’Ariane qui le relie à son passé, à quelques idées éparses.

Les soignants sont gentils, quelques-uns essaient de communiquer. Ils lui ont acheté un tee-shirt pour son anniversaire avec une araignée imprimée et le nom d’un groupe de death metal.

Il n’en a rien à foutre du death metal.

Il ne sort de sa prostration que pour nourrir son araignée au plafond, ne parle qu’à elle qui tisse pour lui le fil d’une vie erratique.

Fin

Fin

« Couchés ! Mains sur la tête ! »

En aboyant pour l’ambiance, il descendit de son cheval d’acier.

Il vida le tiroir-caisse dans son sac et racla le fond, tout, même la petite monnaie, les pièces jaunes, plus une bouteille de whisky, Carte Noire, carrément, pour fêter, seul, le début d’une nouvelle vie sous le signe de la truande.

Sous le bar, il trouva l’absinthe verte, poison domestique et breuvage interdit, leur élixir, quatre-vingt-dix degrés minimum, anéthol et trois-six, plus quelques herbes aromatiques vaguement médicinales, l’alibi de la défonce.

« Pas bouger ou je flingue ! »

Reprise en main du peloton. Debout. Couchés. Cinéma. Calme-toi. Savoure le silence. Même un ange aurait refusé de passer par là ; hors limites, il y aurait laissé des plumes.

Le plancher, imbibé d’alcool par ses soins, prit feu instantanément.

Mô lotov  vous l’offre !

Fin

plongeur

Fin

Poséidon ou Neptune

Plongée.

Depuis plusieurs jours, il avait abandonné son étang malade pour la mer et là, il explorait les profondeurs derrière l’île Verte.

Il perdit un temps fou à se colleter avec un poulpe des profondeurs, une élédone à une seule rangée de ventouses sur chacun de ses huit bras-tentacules extensibles. Il adorait les poulpes, chats marins, les mêmes yeux fendus et dorés, lunatiques et imprévisibles, toujours curieux mais réservés et réfléchis. Celui-ci, de belle taille, s’était aménagé une cavité qu’il avait protégée en entassant tout autour des coquillages morts, des rochers, des carapaces de crabes vides et des déchets solides de toutes sortes, les reliefs de ses repas pour son château fort, sa citadelle.

Assiégée.

lampe

Mô était en passe de vaincre lorsqu’un objet inattendu trouvé à la base des fortifications le stoppa net. Il le prit en main et l’approcha de la vitre de son masque. Il n’en croyait pas ses yeux : une lampe à huile en terre cuite, intacte. Sur le dessus était modelé un Neptune barbu avec son trident assis sur un trône de coquillages.

Poséidon ou Neptune ?

Grecque ou romaine ?

D’où pouvait-elle bien venir ? Y avait-il une épave antique dans les parages ?

Fin

Rencontre avec La Skaoté

« Salut.

– …

– Je te parle, parce que je t’ai déjà vue, toi et moi on se connaît.

– …

– C’est pas un baratin idiot. Je t’ai rencontrée en rêve. Il y a quelques heures. On était sur un bateau antique, une corbite ou 50 

une galère, en pleine tempête avec des mercenaires, romains, un nain balèze et un vieux sculpteur grec : Lysippe.

– …

– Je sais, c’est dingue. Ça te dit quelque chose ?

– …

– J’ai connu une mutique. Elle a disparu de ma vie. Toi, tu es muette ou tu refuses de me parler ?

– …

– Tu n’as pas tort. Je dois avoir l’air d’un allumé complet.

– …

– Dans mon rêve tu parlais celte. D’où tu viens ?

– Écosse ou Danemark, Norvège, Suède…

– Ha ! Tu parles ! Attends ! C’est pas le même : Écosse ? Danemark ? Suède ou Norvège ?

– J’ai perdu le souvenir. Perdu le nord. Voyagé si longtemps que je ne sais plus d’où je viens.

– Vraiment ?

– Je ne me rappelle pas l’enfance, mon pays, mes parents. Je me revois pareil : une femme, aussi loin que je me souvienne, et le voyage…

– Ah ! Qu’est-ce qui est écrit sur tes papiers d’identité ? Tu es quoi ?

– J’ai pas les papiers.

– D’accord…

– Jamais eus, ou perdus…

– Incroyable, et tu n’as pas vraiment d’accent.

– Toi par contre, tu as l’accent de ton Sud, d’ici. Ça se voit, ça s’entend, tu ressembles à une pierre, à un … escargot.

– De mer, un poivre de l’étang de Thau.

– Un escargot au poivre ?

– Un murex si tu préfères, aphrodisiaque disent les vieux, si ça te dit d’y goûter…

– Je ne comprends pas.

– Moi non plus. J’ai l’impression de rêver et je flotte un peu là. Journée dure. Je suis crevé et je te regarde. Que tu existes et que, par-dessus le marché, tu t’intéresses à ma personne, je me demande si tu es réelle ou si tu vas te dissoudre, te dissiper dans l’air, comme un mirage.

– Quelle drôle d’idée.

– Je n’ai jamais eu les pieds sur terre, c’est dans l’eau que je suis le meilleur. J’ai besoin d’eau, besoin de me baigner, là, pour me réveiller. Voyons si tu te baignes avec moi.

– Où ça ?

– Là, dans le port.

– C’est pas sale ton port ?

– Non. Pas trop.

– Tu cherches à m’entraîner dans ton élément ?

– Penses-tu ! Je devine que tu es trop forte pour moi. Alors ?

– Je viens, homme du liquide… »

Fin

Bad

Alors, un grand chien noir et fauve sortit de l’ombre, oreilles dressées, longues mâchoires, gueule ouverte sur des canines acérées, pas de collier mais pas l’air d’un errant, racé, puissant, muscles fuselés, une espèce de loup haut sur pattes, un grand mâle alpha en rupture de meute, serein parce que sûr de sa force.

Trop tranquille en fait.

Il dévisageait Mô comme l’aurait fait un homme, le jaugeant de ses yeux sombres, ni amical ni hostile, impénétrable.

La bête se posa près de la valise.

« C’est ton chien, ce fauve ?

– On fait route ensemble.

Fin

vue-mer

Fin

corail

Fin

« Il vaut pas un clou ton corail rouge, Mô, les brins sont trop petits pour en tirer de belles perles ou les proposer à un orfèvre, ils sont tout juste bons à être vendus tels quels dans les boutiques de couillonades pour touristes : Souvenir de la Méditerranée, le Cap d’Agde collé dans une assiette avec un hippocampe sec, quatre escoubilles vernies et accrochée au mur l’assiette parce que ça se bouffe même pas en salade, ces merdes…

– Je m’en doutais un peu mais tu es dur, là.

– Les temps sont durs.

– Je n’ai plus le moindre moyen de subsistance, l’étang ne me nourrit plus.

– Alors tu comptes sur moi et tu me joues la fable de la cigale et la fourmi comme quand on était à l’école. Parlons avenir alors. Écoute-moi, Mô. J’ai un super coup pour un chtarbé comme toi, et en plus j’ai le matériel nécessaire sous le coude. Tu pourrais nous renflouer d’un coup. Si tu réussis, les deux pleins aux as, toi et moi, à bloc.

– Associés dans le crime, je présume.

– Comme d’hab… Moi aussi j’ai besoin de fric, et pas qu’un peu.

Fin

La mort est en marche.

croixcroixcroix

Mô se surprenait à bâtir des projets de fuite, mais avant tout il fallait le fric, l’indispensable sésame, un tas de fric, pas d’autre choix et pas d’alternative.

Monde de merde.

Pour cela, trois pistes :

Le corail. De plus en plus aléatoire, il en avait trouvé des brins mais il en faudrait des rameaux, des branches, un arbre de corail rouge sang.

L’épave. Rêve ou réalité ? À creuser.

Et la Brinks, pour samedi. Il ne le sentait pas ce coup-là, pourtant c’était peut-être le plus réaliste, le plus rapide et le plus sûr moyen de se remettre à flot, de sortir de l’impasse. Pas très moral…

Fin

Charon

Charon

« J’ai rêvé cette nuit, Mô…

– De l’épave ? De Lysippe ?

– Pas tes rêves à toi. Là, j’aurais préféré. J’étais nue au bout d’une passerelle de bois noirs, au bord des marécages de l’Achéron, à la frontière du royaume des morts et ça ressemblait à l’étang de Thau et au village des cabanes de parqueurs, mais en ruines et brûlées, toutes fumantes, tout très vieux… Le soleil et le ciel étaient voilés rouge, les eaux blanches et les algues du bord, en tas, grises et sales, sentaient le chou pourri.

– Un rêve prémonitoire ça s’appelle…

– Attends et écoute la suite : Le nautonier s’approcha lentement à la voile, noire sur une barque noire. Il avait le visage brique et un sourire rempli de dents gâtées. Il retroussait son froc pour me montrer sa nouille. J’étais perdue de peur et j’avais le dégoût, et pourtant j’ai sauté dans cette soupe chaude avec l’intention de gagner l’autre rive à la nage pour lui échapper. Charon le dégueulasse me suivait de loin en mangeant un hamburger qu’il trempait dans l’eau de temps en temps. Je nageais et le liquide me portait au début mais les lianes marines se sont collées à mes jambes pour me ralentir, elles m’ont ligotée, attirée au fond. Je portais un poignard, une sorte de glaive très beau mais lourd et pas pratique, pointu mais pas coupant. J’aurais dû escalader la barque et poignarder le nautonier. À la place, j’ai essayé de couper les algues avec, ça marchait pas… Je l’ai perdu. J’ai plongé comme toi. J’ai cherché dans la soupe avec mes doigts et je savais c’était grave. J’ai pas pu remonter. J’étais collée au fond et je me suis noyée. Noyée ! Tu y crois, Mô ? Tu dis que c’est un prémonitoire, ce cauchemar ?

– Non ! Il est grotesque ton rêve. Et puis… Charon, tu dis ? D’habitude, il est après moi.

– Tu le connais ?

– Je crois. Il m’arrive de me souvenir de l’avoir croisé et de l’avoir roulé dans la farine, il y a longtemps…

– En rêve ou dans la vie vraie ?

– Va savoir. Je n’en suis pas très sûr, délire, mémoire…

– Et il t’en veut ?

– Ça se pourrait… Évite quand même de te baigner à l’étang aujourd’hui, ou de bouffer de la soupe au chou.

– Tu te moques de mon rêve et pourtant le tien on l’a vérifié, non ? Et je déteste le chou, c’est fort et c’est dégueulasse, le chou.

– Tu as décidé de jouer les Cassandre ?

– Méfie-toi au fond, Mô, c’est une mauvaise journée… »

Fin

Fenrir

Odin-et-Fenrir

– Tu l’appelles comment ?

– Dans l’oreille, à l’encre rouge, il est tatoué FENRIR666…

– Sans blague ?

– Oui. Il est tatoué FENRIR, chez nous c’est le chien de l’enfer FENRIR, le loup fils de LOKI et de ANGURBODI. À cause de sa férocité et de sa gueule immense, il fut enchaîné par TYR. Quand il grogne, sa mâchoire inférieure racle la terre du bas pendant que son museau touche le ciel. Le dernier jour, à la fin du temps, il se déchaînera pour dévorer le monde.

– Quand ?

– Quand viendra l’ère de RAGNAROK.

– L’apocalypse, version nordique.

– Oui. C’est écrit avec des runes depuis toujours, on croit tous ça.

– Là, il a symboliquement bouffé la lune. Alors, c’est notre dernière nuit ?

– Non. Mais on va faire comme si. Viens.

Fin

ska

Fin

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Fin
Fin

Le 1er juin, sortie du 4e tome de La Saga de Mô : Tabarka

Mô a vieilli. Il lui aura fallu vingt ans pour digérer son voyage infernal sur l’étang d’encre. Il se croit pacifié, rangé des voitures, il tisse sa toile, tranquille et sans accroc. Mais dans l’ombre de son paradis, ressurgit sans crier gare la valse des embrouilles. Main dans la main avec une inquiétante Chinoise, il rôde et bataille avec des mafieux russes, trafique avec ses vieux copains et sème à tire-larigot des cadavres dans son sillage. Une nouvelle course dopée à l’héroïne qui sent l’amour à mort et la vengeance sauvage.

Fin

« La fascination des serpents, mon pauvre Mô, tu t’embarques sur une de ces galères… Il y a longtemps que cela ne t’était pas arrivé. Trop calme le pépère, tu te croyais hors du coup, définitivement à l’abri, froid, et te voilà reparti, et pas qu’un peu, attends, la totale, avec fièvre, frissons et adrénaline. Remarque, avec les emmerdes à venir, l’adrénaline, mets-la de côté, tu en auras besoin. »

Fin

Fin

Le chef des Apaches

Marseillan s’était doté dans les années soixante d’un établissement de bains-douches municipal et Mô en avait fait son hammam ; comme tous ceux qui n’avaient pas de salle de bains, il s’y récurait à l’eau très chaude une fois par semaine, le samedi, surtout l’hiver.

Loïc et sa bande aussi. Des hippies peace and love, souriants et graves.

Ils se parlaient, en discussion permanente, jusque dans le hall des bains, s’attendaient et se déplaçaient en groupe, jamais pressés, toujours détendus…

Ils étaient arrivés dans un vieux bus tagué et bariolé, qui rendit l’âme le lendemain, trop fatigué, suivi d’un camion benne chargé de matériaux divers. Ils avaient sollicité et obtenu du maire, à leur étonnement extrême, l’autorisation d’installer la communauté sur un terrain vague, derrière la cave coopérative de vinification, au bord de l’étang de Thau, sur un rivage sauvage et plat.

Après avoir fauché la baouque à la main, la tribu construisit de bric et de broc, un bidonville et un chantier naval tout à fait extraordinaires.

Loïc, l’homme à la barbe noire, le pirate, l’ingénieur, le chef des Apaches, (le village n’était jamais en peine pour les surnoms), avait inventé, disait-il, un procédé de construction pour les coques de voiliers de haute mer, en béton armé et résine de polyester.

Ils étaient donc une vingtaine à vivre sur les marges du village, curieux, ouverts, sans complexes et discutant avec tout le monde. Ils reniflèrent vite en Mô un marginal chichois, plus asocial qu’eux ; du coup les femmes de la horde l’invitèrent pour le réveillon de Noël.

Fin

Son nom, c’était Maurice.

Depuis toujours dans le secteur, tout le monde l’appelait Mô.
Pour le commun des villageois, il avait l’esprit dérangé, le ravi, un madur.
Ceux qui croyaient qu’il parlait seul dans son cabanon se trompaient, il dialoguait tête à tête avec l’araignée qu’il avait au plafond : une épeire diadème tigrée jaune et noire, sa confidente.
Il vivait dans un Tabarka mythique.
Au premier coup d’œil, assommé de soleil et saoulé de ciel bleu électrique, c’était pimpant, typicos, une vraie carte postale.
Trop bleu pour être vrai, lui connaissait l’envers de ce décor.
La vieille jetée de blocs de pierre en vrac enserrait de ses bras malingres quelques barques de pêche pointues en bois peint écaillé, trois négofols, quelques sapinous à fond plat, quatre catalanes à moteur Bernard, plus ou moins cradingues et une demi-douzaine de bateaux de plaisance en plastique. Tout cela flottait tant bien que mal au-dessus des algues croupissantes dans les flaques moirées de mazout et tout cela sentait la pisse, la vieillesse aigre et la mort annoncée, déjà écrite sur le fond vaseux de l’étang asphyxié.
Et pourtant, c’était le bord où des marins grecs aventureux avaient pris pied dans le pays. Il y avait un bail, plus ou moins trois mille ans. Les eaux étaient montées, le paysage avait été bouleversé, mais les traces demeuraient. Par un mètre cinquante de fond, à cent pas du rivage, on pouvait rencontrer en ordre dispersé les gardiens du site : les blocs de pierre taillée de l’antique jetée gréco-romaine, oubliés des dieux et des hommes, quais perdus, submergés, en partie enlisés, recouverts d’un fauvisme mouvant d’algues brunes, rousses et jaunes.
Le paradis de son enfance d’ondin solitaire, passée à explorer ce petit univers noyé sous deux à trois mètres d’eau cristalline : le tour de la « Pyramide » et le « Chemin des Romains », des noms antiques pour ce récif surpeuplé. Du sable coquillier et des prairies marines entouraient des rochers recouverts d’huîtres collées, des tapis de moules, une faune fixée d’invertébrés multicolores, de grands bancs de poissons minuscules, et surtout des grappes d’hippocampes accrochées à ses doigts d’enfant, un micro-monde lagunaire en miraculeux équilibre. Un aquarium tropical ce coin-là, à une époque définitivement révolue pour cause d’écosystème épuisé. Avec ses dix ans, son maillot en laine tricotée, son masque de plongée qui lui englobait tout le visage et le tuba incorporé qui s’obstruait avec une balle de ping-pong, il se la jouait alors Vingt mille lieues sous les mers, recherchant obstinément le cimetière du Nautilus et les scaphandriers du capitaine Nemo, jusqu’à ce que le froid ressenti l’oblige à sortir de l’eau grelottant et les lèvres violettes et à se sécher en se collant cul-nu sur un rocher plat, brûlant de soleil.
On n’abandonne pas son paradis. Mô avait toujours vécu là sur le milieu marin comme une salicorne des rivages et il s’était enraciné, disposant et habitant l’ultime baraque du port des pescaïres paures, le ghetto des pêcheurs fauchés, le dernier barracot du petit port de pêche de Tabarka.
Pendant deux millénaires, cette caste d’intouchables demeura hors les murs, loin des remparts, accrochée sur le rivage de tous les dangers. Une tribu de sauvages hors normes et le plus souvent hors la loi dans une favela à risque, brûlée, dévastée et reconstruite obstinément après chaque invasion. Au fil des siècles, décimés ou récupérés, ces indiens-là avaient disparu.
Mô était le dernier des Mohicans et hantait le quartier.

Fin

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Un livre disponible en papier et numérique… ne passez pas à côté de la suite des aventures de Mô !

LE 1er JUIN 2016

Vous pouvez vous procurer le livre papier chez votre libraire : il suffit de lui donner l’ISBN 9782371774575, le titre du livre et le nom de l’auteur (voir la fiche technique). Vous pouvez vous procurer le livre numérique sur toutes les plateformes de téléchargement habituelles : Apple, Amazon, Kobo, Feedbooks, ePagine, Immatériel…

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Fin

Le 9 septembre 2015 : sortie du tome 3 « L’étang d’encre »

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L’Histoire ne mourant jamais, de l’étang de Thau à l’Enfer de Dante, arrivée brutale de l’oncle Henri, le dernier des pourris, la pire des raclures. À ses côtés, Mô, dilué dans le désespoir comme on se perd dans un brouillard façon Zyklon B, s’aventure à l’aveugle dans les neuf cercles fantasmagoriques peuplés de damnés nazis et de diables cornus. Comment ne pas le suivre dans cet Enfer tatoué de croix gammées quand on sait qu’il va faire la lumière sur la part d’ombre qui l’agite depuis son enfance ? Lancé dans ce cauchemar comme un chien dans un jeu de quilles, dans l’obscurité et la douleur, Mô découvre qu’il n’y a pas de limites à l’horreur.

Fin

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Portrait de Daniel Costa en ange déchu, par Wolfgang Beltracchi

Fin

Inferno

Nel mezzo del cammin di nostra vita
Mi ritrovai per una selva oscura
Ché la dirrita via era smarrita.
Ahi quanto a dir qual era è cosa dura…

Au milieu du chemin de notre vie,
Je me trouvai dans une forêt sombre,
La route où l’on va droit s’étant perdue.
Ah ! Si rude est l’effort pour la décrire…

Fin

Je me méfie des étrangers, je n’en ai pas peur. — C’est une constante de notre famille…

— Notre famille ! Le tour est vite fait : quatre pelés morts et moi perdu entre les tombes, la horde est à la limite de l’extinction, et là… Putain ! Je le crois pas. Vous pourriez être…
— Da ! Je suis le fantôme. Le revenant. Ton oncle inattendu.
— Putain ! L’oncle maudit.
— Affirmatif. Ils t’ont raconté ?
— Pour ce que j’en sais… Vous vous seriez engagé dans la Waffen SS en 41 et vous auriez disparu en URSS… Enfin, c’est l’histoire que j’ai entendu raconter, une vieille histoire, je suis né presque dix ans après.
— Disparu, mais pas mort.
— Alors, vous voilà ?
— Comme une fleur.
— Vénéneuse, la fleur ! Et vous voudriez peut-être qu’on s’embrasse sur la bouche ?
— Si ça te fait plaisir.
— Je vous préférais mort.

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Fin

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Fin

Sous-marin de poche à croix gammée

Mô se tourna vers son oncle et écarta les bras avant de les baisser, signe de doute, d’impuissance…
« Et maintenant ? On fait quoi ? »
Henri restait très calme.
« Mon salaud, à cette profondeur, l’air épais comme du sirop d’orgeat m’embrouille la tête mais ça n’a pas l’air d’affecter le mental du vieux, il m’épate. »

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Ils sortirent de la caverne d’acier et passèrent sur le pont qu’ils remontèrent en direction de la poupe où une surprise les attendait : une caisse, amarrée comme un conteneur, recouverte de concrétions et de grands vers tubulaires dont les panaches colorés, légers comme des plumes, ondulaient dans le courant. Ils entreprirent le démantèlement de la boîte, arrachant une à une les planches pourries avec le pied de biche.
C’était la machine espérée.
« Bingo ! »

 

Fin

« Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ! »

Indécis, ils s’assirent d’abord sur la coque et observèrent un moment le passage continu des spectres à l’assaut des rives de l’Enfer dans la clarté diffuse qui provenait de nulle part : pas de soleil, de lune ou d’étoiles dans ces parages.

Fin

Comment échapper à Cerbère

Ils erraient au milieu de la troisième orbite où tombait une pluie éternelle et maudite, lourde, noire, glacée car mêlée de grêlons et de neige. Le sol, la boue qui les recevaient, en étaient infectés. Ils ralentirent, comme englués de fange et de lassitude, puis stoppèrent : Cerbère aboyait au loin et l’aboiement sortait de sa triple tête contre les malheureux plongés dans ce bourbier. Eux hurlaient, présentant tour à tour leur flanc dénudé au supplice implacable et lui, rampant, noir, l’oeil en feu, la crinière sanglante, allait les déchirant de ses griffes de fer et quand il le pouvait, en sus, pour son délice, leur broyait le crâne de ses crocs acérés et mangeait leur cerveau.

« Un monstre ?
— Un chien à trois gueules : Cerbère.
— Il lui suffira de deux pour nous dévorer.
— Peut-être, ou peut-être pas… Ramasse de la terre, petit, ramasse. »

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Céramique 1/4 de Nello Stevanin, potier, artiste

Les mains pleines de boue, ils approchaient la bête par derrière quand elle se retourna vers les hommes gelés. Elle donna de la voix comme un triple tonnerre. Tétanisés, cloués au sol, le hurlement leur vrillait les tympans. Il n’était plus temps de courir, l’autre se ramassait, les yeux fous, prêt à bondir…
« Jette-lui la boue ! »
Mô jeta ses poignées aux trois têtes du fauve.
« Et maintenant ?
— Le goulu était censé la manger.
— Dans vos rêves…
— On fait face. Recule. »
Henri se délestait de son sac à dos et, le brandissant devant lui, s’avança pas à pas, sans trembler.
Mô lui cria :
« Vous êtes cinglé !
— Hume mon sac, bestiole. Allez, renifle ! »
Au moment où le monstre alléché et bavant avançait une tête, les tenant toutefois en respect des deux autres, Henri balança l’appât loin derrière son dos. Contre toute attente, Cerbère se retourna et y courut, libérant le passage, et pendant que trois gueules à grands cris se disputaient la prise, ils purent s’enfuir, foulant sans vergogne les corps embourbés, éventrés et palpitants pour courir plus vite. Ils galopaient sans souffler, sans se retourner, et ils finirent par tomber, harassés, à l’orée d’un chemin qui descendait.
Ils étaient sortis de la glaise, de la neige et de la pluie ; Henri tendit la flasque à Mô qui la vida et la jeta

« Vous manquez pas d’air, je le reconnais.
— J’ai affronté les chars KV russes, petit. »

Fin
Fin

Découvrez deux chapitres qui ont été « coupés au montage »…

 
 

CHAPITRE XVIII
Chiron

 
 
« Putain ! Quelle puanteur ! On va étouffer.

- Et on ne peut pas rester là à attendre.

- Une autre voie ?

- Pas à ma connaissance, il faut passer.

- Un petit nazi de vos amis pourrait aplanir le chemin et nous apporter des masques à gaz.

- Tu en pinces pour les nazis maintenant ?

- Je m’habitue, faut croire.

- Allez, go.

- Au moins, descendons lentement pour essayer de nous faire à l’odeur.

- Mets un bout de ton pull devant ta bouche, pince ton nez, et avance. »

Ils cheminaient malgré une double difficulté ; sans cesse sous leurs pieds s’ébranlait quelque pierre. Dans un éboulis, un amas de cailloux s’affaissa sous leur poids, s’il avait glissé, ils auraient pu être roulés et ensevelis par les avalanches qu’ils déclenchaient systématiquement en dessous d’eux. Un sentier en corniche les contraignit à progresser collés à la paroi le souffle coupé et ils terminèrent la désescalade à quatre pattes et à reculons. Toutes ces difficultés les avaient occupés au point qu’ils en avaient oublié l’exhalaison chaude et poisseuse qui leur laissait en bouche un goût de métal brûlé.

Le ravin s’éclaircit et ils constatèrent qu’à partir de ce niveau, de grandes marches taillées dans le rocher leur faciliteraient la descente. Sur l’une d’elles en forme de promontoire se tenait un monstre qui leur tournait le dos.

« Ho ! Il est sourd ?

- On va le savoir.

- Comment ?

– Hé ! Minotaure ! »

Comme Henri le hélait, il se retourna lentement.

Sur les épaules d’un homme trapu et noueux à la peau noire comme le jais était juché un mufle bavant de taureau de combat aux longues cornes brunes très effilées. Il se tenait maintenant campé les mains sur les hanches et les attendait sans manifester la moindre agressivité. Il ne paraissait pas étonné non plus si tant est qu’on eût pu déchiffrer une expression sur ce masque tragique. Ils descendirent calmement les marches qui les séparaient de la bête pour se porter à sa hauteur. Ils ne parvenaient pas à le quitter des yeux et Mô trébucha. Henri le retint par le bras, ils stoppèrent, attentifs…

De ses yeux bovins, il les détaillait, plus étonné que belliqueux.

« Qu’est ce qu’il fout là, le mythologique ?

- Le livre ne lui donne pas de fonction précise, mais vu sa position, on dirait qu’il garde le chemin montant. »

Il bougea lorsqu’il les entendit parler et avec ce qui pouvait passer pour un sourire, les invita du bras à regarder plus bas et probablement à descendre.

On distinguait vaguement un lac en arc de cercle qui occupait le fond de la vallée, comme un lac de montagne mais rouge, bouillonnant, environné de vapeurs et de silhouettes quadrupèdes.

« Des frangins à lui ?

- Des cousins si je me souviens. »

Des centaures, mâles et femelles, armés d’arcs et de flèches, s’agitaient en tous sens sans se préoccuper d’eux, affairés qu’ils étaient à transpercer les damnés immergés dans un réservoir de sang brûlant qui essayaient de s’extraire du supplice et replongeaient criblés de dards. L’habileté des tireurs était remarquable et leur aspect magnifique : Henri leur arrivait à grand peine au garrot où l’homme dans le monstre au cheval se confond. Il admirait leur allure et leur joie primaire à faire des cartons sur tout ce qui dépassait du magma plasmique. Mô avait, lui, plus d’empathie pour les victimes.

« Qui sont ces malheureux qui vous servent de cible et qu’ont-ils fait ?

- Ne te mêle pas de ça, ce n’est pas notre affaire.

- Je veux savoir, juste comprendre, pas changer l’ordre des choses. »

L’archer le plus proche daigna répondre :

« Les violents.

- Violents vous l’êtes aussi.

- Sans nous, ces misérables auraient tôt fait de s’enfuir. C’est notre mission, il y a un ordre et nous sommes relevés tous les jours. Il y a même une équipe nyctalope de garde, la nuit. Le lac est bondé, ils en profitent pour se grimper dessus, ils font des pyramides au fond et ils se battent pour escalader les autres et émerger, tenez… »

Dans un pré adjacent et autour d’une source, une troupe d’équins ripaillaient ou dormaient ; certains, les moins nombreux, s’entraînaient sur des cibles de paille.

Les deux hommes assoiffés y coururent pour boire et s’approchant d’une table se servirent des fruits et des légumes crus qui se trouvaient là.

« Les diables ne sont pas censés avoir besoin de manger…

- Eux ne sont pas des diables, Mô.

- Ils font office pourtant.

- Il semblerait.

- Et le minotaure ?

- Quoi le minotaure ?

- Il mange ?

- Regarde mieux.

- Les balles de foin ?

- Sûrement. »

Abreuvés, restaurés et les bras chargés, ils revinrent vers les centaures et le jeu de massacre qui se jouait là.

Un tireur les interpella :

« Je peux avoir une pomme ou une carotte ?

- Vos congénères pourraient vous nourrir un peu.

- On mange et on se repose à la relève, pas pendant le service. »

Ils le fournirent. Voyant cela, deux autres quittèrent leur poste et ce qui devait arriver…

Deux damnés parvinrent à s’extraire de la lave sanguine et sautant sur la rive, se jetèrent sous une pluie de flèches dans l’escalier cyclopéen. Ils avaient bien vu le monstre de garde mais ils pensaient avoir une chance, sur deux. Mal leur en prit, le taureau avait des cornes jumelles et les embrocha, l’un à droite et l’autre à gauche. Pendant cette diversion, trois réussirent à s’échapper dans l’autre sens, vers le bas de la vallée. Mô, ravi, se tenait quoi pour ne pas attirer l’attention sur la bonne évasion et ce fut Henri qui pour une fois posa la question :

«  Et les trois autres qui se barrent ? Vous ne faites rien ?

- Pas besoin, dans le sens où ils sont partis, ils vont rencontrer bien pire et revenir.

- Pire !

- Vous êtes passés par la porte et vous avez lu l’inscription : Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance…

- On a lu les deux inscriptions.

- Deux inscriptions au dessus de la porte ?

- Deux inscriptions et deux portes.

- Il n’y en a qu’une.

- Laisse tomber Mô ; tu les perturbes pour rien.

- J’ai pas l’impression. »

Les archers reprirent leur poste et le fléchage pendant que le minotaure, cornes levées, ramenait les dépouilles pantelantes et d’un coup de col les rejetait dans le bouillon. Ensuite seulement, il reprit son poste sur le palier rocheux.

« Centaure…

- Chiron, je commande ici.

- Chiron, nous devons absolument continuer notre voyage. Dis-nous : comment traverse-t-on ce lac sans y tomber ?

- Sans tomber… Hé bien ! Nessus ! De ton pied sûr, hors de cette contrée tu conduis leur voyage. »

Longtemps, escortés de Nessus, ils suivirent la rive et le niveau de sang déclinait peu à peu ; des touffes de cheveux, des calottes crâniennes, des têtes cramoisies apparurent en surface. Les archers s’y montraient moins nombreux, se contentant de les tenir en joue et de leur décocher une flèche, de temps en temps.

Il les mena ainsi auprès d’une cascade et les quitta sans un mot, le fracas assourdissant qui montait de l’abîme rendait vain les adieux.

En mugissant, d’une seule masse, le fleuve ensanglanté se jetait dans un gouffre et ils restèrent seuls, bras ballants, à s’interroger sur la suite. Ils pouvaient escalader les parois, toutes deux vertigineuses, ou se jeter les pieds devant dans les abysses qu’ils entendaient gronder en contrebas.

«  Et là, vous avez prévu une sortie ou on remonte ?

- Pas question de remonter, on attend.

- On attend quoi ?

- Tiens, ça par exemple. »

Fin
Fin

La gamine semble s’être dissoute dans la brume et la nuit, personne n’a rien vu… Posez-vous la question. Qui a pu commettre cela ? Qui en avait la capacité ? D’abord psychologique, ensuite matérielle ; une série de meurtres sadiques, ça n’est pas à la portée de tout le monde.

Fin

Elle est partie de là, notre histoire.

— Viens avec nous Malika. Mô et moi, on va voyager, on va aller en Grèce avec l’argent qu’on gagnera à la pêche, sur une île que je connais pas le nom.
— D’où tu tiens ça Aristide ?
— C’est toi que tu m’as raconté l’eau claire de là-bas et le livre avec les photos que tu lis. Et puis on n’a pas de femme, pourquoi on n’a pas de femme, nous ? C’est joli une femme ; elle serait bien avec nous.
— Attention ! Une femme, c’est pas pour nous.
— Et pourquoi ?
— C’est pas un chat errant que tu peux apprivoiser. Contente-toi de ton Lapin.
— T’es comme le vieux Manuel, tu rigoles jamais.
— Il a raison votre ami, je le trouve plus drôle que vous.
Elle avait relevé la tête et souriait, rayonnante tout à coup la Malika, dorée comme un pain au chocolat, de grands yeux hardis, noirs aux cils démesurés, sourire de perles et crinière bouclée de lionne. Je ne pus m’empêcher de lui rendre son sourire.

 

malika

 

Malika, Aristide et Mô, embarqués sur le port, glissando sur l’eau et installation naturelle dans notre bout du monde, au cabanon des fous ; elle furetait partout, et nous, on la regardait, on la buvait des yeux, on la reconnaissait, elle était du bateau, du nôtre : l’arche des chtarbés, le Radeau de la Méduse.

Elle est partie de là, notre histoire.

Fin

Le Corse

Le soir-même, on s’est rendus chez le Corse tous les trois.
Pour la forme, il a râlé, l’agoraphobe renfrogné. Il a dit qu’on l’envahissait. Comment pouvait-il être insensible au charme de Malika ? Au fond de ses yeux fuyants, je voyais l’étincelle : il avait réussi à fourguer la marchandise en un temps record et il tenait le fric. L’argent le sublimait, le transfigurait. Bien disposé, le grincheux nous a finalement lâché le fourgon avec des faux papiers aussi beaux que des vrais, une enveloppe garnie et on s’est quittés bons amis, il en était tout attendri.

— Allez ! On boit un coup ?
— Je raque et en plus je dois faire bistrot ?
— D’habitude, on boit un coup, ça vaut signature.
— Bon ! Qu’est-ce que vous voulez boire ?
— Tu as du vin blanc au frais ?
— Toujours.
— Du Viognier de la Madeleine Saint Jean ?
— Non, y’en a plus, mais dans le fruité, j’ai du Chardonnay des mêmes.
— Bon.
— Monte, allez vous asseoir, tu connais le chemin. Je reviens avec la bouteille et les verres.

Du toit-terrasse, plateforme de la vigie, on dominait l’étang, et, par-dessus le cordon littoral, vue à cent quatre-vingts degrés sur la Méditerranée. Le mistral balayait le ciel, dévoilant sur l’arrière une autre mer, figée celle-là, de coteaux et de collines vertes, grises et bleues qui grimpaient à l’assaut des grands causses.

— Tu n’es pas mal placé pour la profondeur de champ.
— Je me plains pas.
— Il est beau notre étang et c’est un gentil coin.
— Gentil n’a qu’un œil.
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
— En ce moment, il craint… Ow, le sauvage et son gorille, vous êtes pas au courant pour la gamine ?
— Vaguement. Raconte, toi qui sais tout.
— Justement, on sait pas grand-chose et les langues marchent.
— Laisse marcher.
— C’est pas bon pour le commerce si les langues marchent trop ; une gamine a disparu et les flics rôdent, tout le monde surveille tout le monde. Avant, c’était tranquille… Si tu regardes bien ça faisait bien dix ans qu’il s’était rien passé ici.
— Tu trouves ?
— Ouais, bon, des bricoles, un peu de trafic, quelques vols, des embrouilles, c’est du business ça, pas des crimes.
— Un truand qui donne sa définition de la truande… Arrête… Pour en revenir à la gamine disparue, elle est peut-être en vadrouille et elle va refaire surface.
— Espérons.
— Y’a que ça à faire.
— Vous commencez quand les palourdes ?
— Cette nuit. Allez, on va se rentrer…

Fin

« On y va pour enquêter, pas pour se faire remarquer. »

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Il a tenu à prendre le camion, je voulais y aller en barque mais il n’a pas voulu, chochotte, trop long, trop inconfortable, trop voyant, trop original…
« On y va pour enquêter, pas pour se faire remarquer. »
C’était pourtant bien possible de l’aborder, la boîte était quillée sur une dune, en limite de plage et au bout du port de plaisance, à ciel ouvert, un enclos à la mode, la périphérie en dur et les cloisonnements en canisses, de l’exotisme de bazar débordant de lumières vives et de musique pour les pieds ; pas de riverains, les gogos pouvaient se la donner à fond.

Fin

Qu’est-ce que t’as fait, Mô ?

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— Il est où le gros Aristide ?
— Plus là…
— Et ta belle lionne ?
— Partie.
— Tout le monde te quitte, Mô.
— Tu sais, c’est pas bon signe.
— Dis-nous ! Qu’est-ce que tu leur fais pour qu’ils s’en aillent tous ?

Fin
Fin

Avis de grand frais sur l’amour forain de trois freaks fracassés

Que dire ?

La noirceur du bitume dans la nuit qui coule et la gaieté des phares qui dansent, les trois corps serrés dans la cabine, le rythme des cafés standard avalés aux machines rutilantes, un gobelet toutes les trois heures, la faune croisée sur les aires autoroutières, zombies mutiques, froissés, pâles et sinistres, et nous, décalés et rieurs, le luxe de la douche chaude tous trois ensemble, se savonnant, se disputant les jets malicieux…

Nous avons fait escale à Santorin, montagne fauve dans l’outremer ; la Caldeira nous a emballés avec sa mer intérieure encerclée par des villages de carte postale, tout blancs perchés sur les crêtes rouges. Nous nous taisions, nos yeux élargis par la beauté du monde. Une route pentue avec de grandes marches, une route pour des mulets, inaccessible aux voitures, on l’a gravie et on a fait du tourisme toute la journée entre bars et échoppes, une pause récréation, mais c’est le lendemain, à Mykonos qu’on a débarqué pour de bon.

voyage

Fin

maison-noire

Fin

Le début d’un long conte noir, l’enfance d’une vie…

Passée l’enfance,
Les rêves,
Le vent le temps nous ont charriés
Comme les graines à venir.
Certains ont germé,
D’autres non.
Les orages nous ont détrempés,
le soleil réchauffés,
Et la vie
Comme un torrent,
De sourires et de larmes,
Pressés.

Vendange 1960.
Le soleil se couche rouge.
Le conteur, Mô, un gamin de douze ans à la langue bien pendue, entêté comme personne, démêle les fils d’un polar haletant, labyrinthe en forme de cauchemar éveillé. Avec son ami Aristide, géant microcéphale à cervelle de moineau, et sa bande de gosses effrontés, il rôde dans le noir et s’interroge : qui a tué la belle Meneuse ? La horde poussiéreuse des vendangeurs, hantée de dangereux secrets, suit les sillons que creuse le sang dans les vignes. Dans le marais et sur l’île interdite, quand survient la nuit, veillent les sentinelles aux crânes de morts.
Mais quel est donc cet étrange endroit où règne le réalisme magique ?
Voici l’ethnographie sanglante d’un microcosme sudiste, le début d’un long conte noir, l’enfance d’une vie : la Saga de Mô.

Fin

Terminées les vendanges.

Au-devant d’une horde — la cole —, le Paillasse s’avance : Aristide, colosse microcéphale à cervelle de moineau brandit très haut par-dessus les têtes l’épouvantail des vendanges 1960 cloué sur un mât, un mannequin bourré de foin, au frac fripé de millionnaire, au masque flasque d’homme politique en vogue, sans yeux, chapeauté gibus, inquiétant notable ventru, faussement débonnaire, forcément coupable.
Comme un forcené, Manolo tape sur son tam-tam de bois, son cajon, une batucada endiablée et la tribu danse. Pieds nus, cinquante à soixante grotesques grimés de noir et enjupés de raphia gesticulent et se démènent en rythme dans la cour du domaine. Ils se sont approprié la fête des fous de l’an mille. Leurs racines païennes ressurgissent en une mescladissa de battements, de chants hurlés, de cris et de couleurs. Travestis homme-femme : la transe fait vibrer la poussière cuivrée.
Déchaînés.

Fin

La cole

La cole : la horde des vendangeurs, une tribu, une entité hiérarchisée, à la base huit coupeurs, un videur de seaux, deux porteurs de comportes et un charretier. La meneuse ou première coupeuse donne le rythme aux cueilleurs et règle leur avance dans les rangées. Douze personnes pour la cellule de base. À La Comtesse, trois autres cellules avançaient en ligne, quarante-huit personnes, plus un ramasseur de grains tombés et de grappes oubliées et le grand Manitou, le Régisseur, chapeautant l’entreprise. Cinquante vendangeurs, la plus grande cole du canton, fallait bien ça, les vignes étaient immenses.

Fin

« Vendange, il est temps ! Découvre-toi et écoute ! La foule en colère va te dire pourquoi tu dois mourir ! »

La Meneuse s’avance, elle suit le cortège sans s’y mêler.

Elle seule n’est pas grimée au bouchon noir, elle est maquillée gothique, blonde sculpturale à carnation blanche, corsetée à baleines, cambrée en fourreau et gants noirs, juchée sur des bottines noires à talons, cravache, casquette façon Wehrmacht sur ses cheveux blonds cendrés très courts dégageant la nuque, élancée, de grands yeux bleus glacés, la trentaine bien passée mais fine et athlétique. Dure comme un silex, sèche comme le coup de trique qu’elle adorait donner ; la schlague c’était son truc, elle l’avait dans le sang, une nature. Ils en rêvaient tous de la mégère, ils étaient autour d’elle comme des mouches après un pot de miel, une goutte de miel sur un océan de vinaigre, et gelée. Ils croyaient sentir sous la glace du tempérament à revendre. Ils la reniflaient en bons chiens qu’ils étaient et plus elle les secouait et plus ils aimaient ça, ils en redemandaient, ils rampaient devant elle. Emphatique, impériale, d’un revers de main elle envoie valdinguer le chapeau de l’épouvantail justiciable. Elle tranche.

 

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Fin

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Fin

Qu’est-ce qui se trame, Mô ?

Je ne sais pas…

Est-il possible qu’à force de penser à des choses horribles, qu’à force de les raconter elles finissent par arriver ? J’ai passé les trois dernières semaines à fourrer mon nez partout… À la Comtesse, vaste domaine viticole qui produit des vins de consommation courante, rouges, blancs, rosés, en quantité, cette vendange qui vient de s’achever par un meurtre, et a été fertile en événements de toute sorte ; je viens de franchir une frontière et je voudrais bien revenir en arrière…

 

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Fin

La découverte du corps

Les jambes en l’air, raides, de superbes cuisses blanches et lisses, pas de culotte, pas de doute, la Meneuse.

croixcroixElle est…croixMorte, et bien morte…croixElle peut plus gueuler…croixLa Meneuse est morte !croixElle fait moins la fière… croixcroixcroix

On la retire de la cuve par les pieds et on l’allonge sur le sol. Le Régisseur la débarbouille d’un seau d’eau et les vendangeurs rassemblés peuvent alors constater qu’elle ne s’est pas noyée mais qu’on l’a étranglée avec un morceau de fil de fer galvanisé.
Elle le porte encore, en sautoir, grimaçant cadavre au maquillage fondu.
Elle n’est plus aussi engageante et tous les machous qui ont bandé pour elle ces trois longues semaines de vendange font la gueule.

Fin

Qui a tué… qui a tué la Meneuse…

Il faut revenir en arrière… Il faut revenir au début… Il faut comprendre… Les pièces du puzzle vont s’assembler… La dame de fer, elle est belle, elle a le pouvoir sur les hommes, elle en craint juste un… — Mais qui, Mô.… qui… Ils sont beaucoup à la cole…

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Et il y a autre chose… Où est-elle allée ? Que faisait-elle avec… avec… Ah si, je sais ce qu’elle faisait avec lui… La nuit, ça s’agite, ça fait des rencontres, ça manigance, peut-être.

Je me souviens qu’elle ondulait légèrement, sensuelle en diable, la sueur perlait sur sa peau blanche et je voyais en elle le serpent de la Bible, persuadé que son haleine sentait le soufre.

Fin

Dis, Mô, on va voir l’étrange cyprès, l’épée des Wisigoths et le cercueil de granit ? On va pas se laisser impressionner, si ? Il faut savoir…

— C’est moi qui raconte. Le jour, pas de zombies ou de feux follets, alors demain, si vous êtes chiche, on va faire un tour dans le marais, tous ensemble sur notre radeau.
— Chiche ! Qui vient ?
— Sarah, Nadia, Pierre, Paul, Roger, Pronto, Alegria et moi, tous !
— Et on en profite pour chercher l’épée du Wisigoth que tu nous as racontée hier à la pause.
— L’épée, on va en avoir besoin ; il faudrait trouver l’île et la chapelle de Saint-Pierre de Fabricolis, je sais qu’elle existe mais je l’ai jamais vue, je l’ai lu.

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Les rayons du soleil qui nous brûlaient et que nous subissions sans un souffle d’air, étouffés dans les interminables rangées de vigne, se contentaient d’effleurer en douceur le marais. Le Bagnas, un havre pour les oiseaux, indigènes et migrateurs, mélangés en utopie volatile, une étape réparatrice avant le départ pour l’hivernage africain.

Dès le rivage, nos coeurs se sont allégés, nos mouvements étaient plus libres et plus faciles. Nous avons décollé du bord sur un radeau de fortune, carré, une palette plate-forme portée par des bidons vides d’huile de moteur, pas cloués mais ficelés, étanches. Pour se propulser, des perches de peuplier, navigation façon gondoliers, et ça progressait bien, un mètre de fond, cinquante centimètres de tirant d’eau, tantôt verte, tantôt jaune ou brune, sous un ciel plombé. Pas de vent, pas de courant, nous glissions silencieux sur l’étang envasé, d’îlot en îlot, dans le labyrinthe des roseaux. La grâce était sur nous et nous abordions ce monde avec précaution et respect. Ici seulement, nous posions notre regard à la bonne hauteur, la bonne distance, entre eau et nuages, droit devant. La présence tangible des animaux dissimulés était intimidante, alors, pour une fois, nous nous taisions en retenant notre souffle. Mutisme et silence étaient la règle. Nous ouvrions grands nos yeux, nos oreilles et nos coeurs à la sauvagerie du monde. À l’échelle de nos vies, ce marais ponctué d’îles mouvantes et de bancs de vase figurait une jungle profonde, cloisonnée de centaines de canaux, de tunnels de feuillage et de bras morts.
Quand nous eûmes perdu le bord de vue, des ritournelles se firent entendre, cela nous rassura un peu et nous cessâmes de nous retourner à tout bout de champ ; à mesure que nous avancions, des cris et des chants plus graves, profonds, se joignirent à l’orchestre ailé jusqu’à devenir cacophonie. Écrasés de verdure et de ciel et dévorés de moustiques, nous recherchions l’Eldorado : Saint-Pierre de Fabricolis, une chapelle paléochrétienne érigée sur un tumulus de limon, une minuscule église des origines, étouffée d’osiers, perdue dans une reculée de l’espace-temps. Ceux qui étaient tombés dessus par hasard, de rares gardes-chasse ou braconniers, peu loquaces et indifférents aux vieilles pierres, trappeurs lacustres uniquement obsédés de solitude et de gibier, n’avaient jamais divulgué le secret. Des rumeurs mentionnaient un étrange cyprès et un cercueil de granit.
Perpétuellement en manque de décryptages, j’avais coutume de lire le journal local de la première à la dernière page quand je réussissais à me le procurer et j’avais relevé un article archéologique relatant la découverte d’une épée wisigothique et d’une boucle de ceinturon en bronze sur le territoire de la commune. Sans localisation précise, quelques indices m’orientèrent sur le marais. J’avais fantasmé comme un malade et communiqué, par le biais de mes histoires, ma fièvre exploratrice aux copains.
Nous semblions errer…

croixcroix Et le berger… croixcroixcroixcroixcroixcroixTu nous as pas dit pour le berger…

Le berger… Il vit sur une île, il a un troupeau autour de lui qui le protège, des moutons, des brebis, des béliers, des agneaux, et un chien… Il est seul sur son île… seul avec ses sentinelles… et il attend la Meneuse…

maison

— La nuit, quand elle chasse, lui, il est sur son île.
— Elle suce le sang de ses bêtes ? C’est pour ça qu’il lui en veut ?
— Tout le monde lui en veut.
— Pourquoi, Mô ? Parce qu’elle est la Meneuse ?
— C’est plus compliqué que ça… Non.
— Alors pourquoi ?
— Justement, je cherche ; cette dame de fer est un mystère, on va creuser le mystère. Pour pénétrer dans l’île, il y a un seul pont et le Berger a protégé ce pont avec des sorts, de la magie noire de nécromancien.
— Comment tu sais ?
— J’ai vu les sentinelles qu’il a placées.
— Aristide ?
— Pauvre Aristide, la nuit, il rêve. Dès que le soleil se couche, il est fatigué, il faut qu’il dorme ; c’est pas une créature de la nuit, un géant, c’est comme un bébé. Les géants ont besoin du soleil le jour et de beaucoup de sommeil la nuit pour grandir encore et avoir la force.
— Alors, si c’est pas son Aristide, les sentinelles du vieux ?
— Des crânes de morts sur des pieux, plantés aux quatre coins du pont et aux bons endroits, les portes et les points où elle pourrait aborder.
— Parce qu’elle nage ?
— Elle flotte dans le brouillard.
— Où il les a trouvés, le vieux, les crânes de morts ? Dans les cimetières ?
— C’est quoi exactement ? Je les vois pas moi tes crânes de morts.
— Des têtes de squelettes.
— Pourquoi pas des squelettes entiers ?
— La tête seule c’est mieux, une fois que tu l’as clouée ou que tu l’as plantée sur une pique, elle peut pas s’échapper, pas de bras, pas de jambes, elle est obligée de rester là et de faire tout ce que tu lui demandes en protection.
— On y va ?
— Cap ?
— Pas cap !
— Moi, j’ai pas la trouille, et j’y vais.
— Malinasse !
— Je veux voir les moutons, les brebis, les agneaux…
— Et le chien ?
— Aussi sourd que le vieux et il dort avec lui : tel maître, tel chien. Et tu verras rien de nuit, les bergers dorment toujours avec leurs bêtes autour, c’est dans tous les livres.
— Tu nous inventes une nouvelle histoire avec le berger ?
— Peut-être.
— Sûr que tu inventes tout.
— J’invente rien. Je devine.
— Mô, le roi des devineurs qui va finir par nous mettre dans la merde avec ses histoires !

Fin

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Un livre disponible en papier et numérique… ne passez pas à côté de la suite des aventures de Mô !

LE 09 SEPTEMBRE 2015

Vous pouvez vous procurer le livre papier chez votre libraire : il suffit de lui donner l’ISBN 9782371774278, le titre du livre et le nom de l’auteur (voir la fiche technique). Vous pouvez vous procurer le livre numérique sur toutes les plateformes de téléchargement habituelles : Apple, Amazon, Kobo, Feedbooks, ePagine, Immatériel…

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Fin

barque

phare

Soleil retrouvé, l’été se meurt, on entre dans le fauvisme des vignes. Les ors de l’aube habillent notre troupe hétéroclite de haillons flamboyants. Flamboyant, je ne le suis plus, hanté de récurrentes hallucinations, cassé par le manque de sommeil. Je me retourne vers les copains qui ne valent pas mieux : des scaphandriers.

 
vigne

vigne

Fin

Notre bateau était ivre…

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots !

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et des lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
 Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
 Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

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Fin

C’est quoi le cimetière vieux ?

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Un cimetière dans le village, qui ne sert plus depuis longtemps, fermé, abandonné, mais les morts sont toujours là, à pourrir dans les caveaux en pierre et sous terre.

J’ai compté cent dans une chapelle, on y voyait bien, il y avait de la lune, toutes les étoiles, et il faisait très froid, on faisait de la buée avec la bouche comme si on fumait. C’est truffé de cachettes, les arbres ne sont pas taillés, c’est pas entretenu, les branches ont poussé jusqu’à terre en formant de petites grottes, des buissons et de grandes herbes. Un peu comme une forêt abandonnée, une forêt de film noir et blanc et c’est le rêve qui installe les éclairages.

Certains tombeaux sont restés droits, d’autres se sont affaissés ou écroulés, parfois ouverts, béants ; tu imagines ? Et il y a des statues noircies, sales, usées, des grandes et des petites, des anges ou des saints. On dirait des gens qui surveillent de loin, immobiles, c’est vraiment impressionnant ; les vieux anges ravinés, ils font plus peur qu’autre chose, même la vierge elle nous fiche les chocottes avec ses yeux blancs et son bras en moins.

Fin

ange

Fin
Fin

Tableau de Wolfgang Beltracchi

Fin

La vie s’écoule, une récolte chasse l’autre et nous continuons à nous débattre, de moins en moins entre nous.

Au temps où Pierre François m’honorait de son amitié, il m’avait montré une esquisse pour un calendrier de domaine vinicole : il avait peint un garçonnet juché sur l’encolure d’un cheval de trait qui tirait une énorme charrette de bois aux roues cerclées de fer. Cette peinture ouvrit un puits dans ma mémoire, j’y ai puisé l’essentiel de ce récit.

Tableau de Pierre François

Enfin, des amis voulant à toute force savoir ce qu’il était advenu d’Aristide, j’ai raconté la suite et livré les dernières clés dans Aristide (deuxième tome à venir en décembre 2014).
Les protagonistes de ce récit, je les ai connus, touchés, de si près tenus, perdus, un billard de dingues. Certains ont disparu, les autres sont en passe de se dissoudre. Il me fallait figer et amalgamer tout ce théâtre. Une histoire d’enfance qui ne serait pas destinée aux enfants.
Ce sont maintenant les machines qui vendangent, plus de coles, et les chevaux de trait ont disparu du paysage.
Tous les lieux, sans exception, les vignes, la plage, le domaine, l’étang de Bagnas, le canal du Midi avec ses chemins de halage, l’île, la bergerie et le pont des crânes sont à peu de chose près comme je les ai décrits et tout se tient dans un rayon de trois kilomètres autour de Marseillan. De la chapelle préromane, Saint-Pierre de Fabricolis, il ne reste rien, du moins en surface, et le sarcophage du Wisigoth a disparu.
Le vin est meilleur d’année en année, dans certains domaines il est même excellent, mais pour ce que ça nous rapporte…
La vie s’écoule, une récolte chasse l’autre et nous continuons à nous débattre, de moins en moins entre nous.

— Michel Torres

Fin

Brouillons, fragments, écritures

Car la magie de ce récit réside aussi dans le fait que tout, ou presque, est vrai… Et c’est tout aussi excitant de plonger aux origines de l’histoire, de regarder derrière le rideau, dans la coulisse de la construction…

brouillon-01 brouillon-02

Fin

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