Verdict

Schizophrène dangereux et asocial : le verdict est tombé.

On a rangé son dossier dans un classeur et on l’a rangé, enterré.

En survie, abruti de tranquillisants, embrumé de neuroleptiques, Mô végète dans sa cellule du H. P.

Sur la touche, de toute façon la course ne l’intéressait plus.

Mutique, le Mô. Il ne plonge plus qu’en lui-même, toujours plus profond.

Odeur de caoutchouc, néon, par le minuscule fenestron se découpe un carré parfait de ciel bleu et, face à la lumière, une toile d’araignée dans le coin du plafond. Un lien pour Mô le madur, un fil d’Ariane qui le relie à son passé, à quelques idées éparses.

Les soignants sont gentils, quelques-uns essaient de communiquer. Ils lui ont acheté un tee-shirt pour son anniversaire avec une araignée imprimée et le nom d’un groupe de death metal.

Il n’en a rien à foutre du death metal.

Il ne sort de sa prostration que pour nourrir son araignée au plafond, ne parle qu’à elle qui tisse pour lui le fil d’une vie erratique.