Un cimetière dans le village, qui ne sert plus depuis longtemps, fermé, abandonné, mais les morts sont toujours là, à pourrir dans les caveaux en pierre et sous terre.
J’ai compté cent dans une chapelle, on y voyait bien, il y avait de la lune, toutes les étoiles, et il faisait très froid, on faisait de la buée avec la bouche comme si on fumait. C’est truffé de cachettes, les arbres ne sont pas taillés, c’est pas entretenu, les branches ont poussé jusqu’à terre en formant de petites grottes, des buissons et de grandes herbes. Un peu comme une forêt abandonnée, une forêt de film noir et blanc et c’est le rêve qui installe les éclairages.
Certains tombeaux sont restés droits, d’autres se sont affaissés ou écroulés, parfois ouverts, béants ; tu imagines ? Et il y a des statues noircies, sales, usées, des grandes et des petites, des anges ou des saints. On dirait des gens qui surveillent de loin, immobiles, c’est vraiment impressionnant ; les vieux anges ravinés, ils font plus peur qu’autre chose, même la vierge elle nous fiche les chocottes avec ses yeux blancs et son bras en moins.