« Vendange, il est temps ! Découvre-toi et écoute ! La foule en colère va te dire pourquoi tu dois mourir ! »

La Meneuse s’avance, elle suit le cortège sans s’y mêler.

Elle seule n’est pas grimée au bouchon noir, elle est maquillée gothique, blonde sculpturale à carnation blanche, corsetée à baleines, cambrée en fourreau et gants noirs, juchée sur des bottines noires à talons, cravache, casquette façon Wehrmacht sur ses cheveux blonds cendrés très courts dégageant la nuque, élancée, de grands yeux bleus glacés, la trentaine bien passée mais fine et athlétique. Dure comme un silex, sèche comme le coup de trique qu’elle adorait donner ; la schlague c’était son truc, elle l’avait dans le sang, une nature. Ils en rêvaient tous de la mégère, ils étaient autour d’elle comme des mouches après un pot de miel, une goutte de miel sur un océan de vinaigre, et gelée. Ils croyaient sentir sous la glace du tempérament à revendre. Ils la reniflaient en bons chiens qu’ils étaient et plus elle les secouait et plus ils aimaient ça, ils en redemandaient, ils rampaient devant elle. Emphatique, impériale, d’un revers de main elle envoie valdinguer le chapeau de l’épouvantail justiciable. Elle tranche.

 

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