Terminées les vendanges.

Au-devant d’une horde — la cole —, le Paillasse s’avance : Aristide, colosse microcéphale à cervelle de moineau brandit très haut par-dessus les têtes l’épouvantail des vendanges 1960 cloué sur un mât, un mannequin bourré de foin, au frac fripé de millionnaire, au masque flasque d’homme politique en vogue, sans yeux, chapeauté gibus, inquiétant notable ventru, faussement débonnaire, forcément coupable.
Comme un forcené, Manolo tape sur son tam-tam de bois, son cajon, une batucada endiablée et la tribu danse. Pieds nus, cinquante à soixante grotesques grimés de noir et enjupés de raphia gesticulent et se démènent en rythme dans la cour du domaine. Ils se sont approprié la fête des fous de l’an mille. Leurs racines païennes ressurgissent en une mescladissa de battements, de chants hurlés, de cris et de couleurs. Travestis homme-femme : la transe fait vibrer la poussière cuivrée.
Déchaînés.